L’artiste allemand est présent pour cette exposition dans les deux espaces de la galerie. D’un côté la peinture gluante et franche, de l’autre les sculptures en bronze.

En entrant dans l’espace principal on remarque rapidement que les toiles ne sont pas recouvertes d’autant de collages qu’à l’accoutumée. Même si le visage de l’artiste, poupon joyeux avec sa barbe et ses cheveux longs si caractéristiques, est présent i ci et là, il semble que l’artiste ait pu se lasser de coller par dizaines des reproductions de ses performances. La structure des œuvres que l’on découvre alors, affirme une linéarité appuyée. Ces travaux sont moins explosifs et moins explosés que précédemment et forment des labyrinthes colorés qui sont autant d’entrailles étalées. Ainsi leurs couleurs pastels et vives se déroulent, encore et toujours, dans une matière d’aruspices qui parcourt les toiles de leurs sécrétions.

Là, y naissent et cohabitent  les gesticulations et signes que l’artiste distribue autour de banquets sardoniques et martiaux. Au milieu des tableaux se dessinent des têtes et des poulpes, des êtres étranges et militaires. Toute une galerie dégénérée plongée dans une matière flasque qui tombe comme des mamelles avec le temps.

Dans le second espace l’artiste a disposé ses sculptures. Elles forment une armée bardée de médailles et de cris de guerre. Jonathan Meese raconte à qui veut l’entendre que l’art est amené à gouverner le monde et qu’il en est un fidèle soldat. On peut croire à la vue de ces bataillons qu’il envisage de monter en grade dans cette armée tant il s’est contenté de convoquer la fleur de la fleur de la décadence militaire.

Cet environnement ne pose aucune difficulté pour imaginer l’artiste dansant comme un faune parmi ses convives. Et l’on menace de tout prendre à la légère avec un tel énergumène, mais les risques qu’il ne prend pas sont aussi là pour se moquer de nous. Jonathan Meese joue avec un travail largement décomplexé, mais sans pour autant le revendiquer. L’artiste tout en se plaisant à multiplier les registres provocateurs a accroché quantités d’hameçons à son appât.