Le galeriste de la rue Saint-André des Arts présente une exposition d’un artiste que l’on ne voit pas beaucoup en France. Michel François déploie pourtant un travail particulièrement original autour des questions de sculpture et d’environnements. Son goût prononcé pour la dorure est peut-être à l’origine de la méfiance qu’il suscite de notre côté des Ardennes. Pas de problème, une seule œuvre en fait usage ici.

Une structure métallique, associant tiges et billes dans un cube, est la première œuvre que l’on croise en arrivant. Pièce détachée est un cosmos qui ne tient debout que par la grâce du magnétisme des matériaux qui la composent. Il est alors amusant de voir comme ces traits que l’on pensait rigides sont en fait agencés selon leurs familiarités électromagnétiques. Peut-être une fois achetée, l’œuvre a-t-elle vocation à être recomposée par son possesseur ?

Au fond de la même salle on trouve une pile de feuilles blanches dans une boîte de plexiglas. Le tas enfermé est troué d’un tir de pistolet, un acte qui lie physiquement ces pages où rien ne figure.

Plus loin, Pavillon Interface II est une œuvre étonnante. Elle inclut la couleur comme c’est rarement le cas dans l’œuvre de l’artiste. Elle est formée d’un cube de verre de grandes dimensions, des tranches de plasticine colorée, qui évoquent la matière de la pâte à modeler, sont collées à l’intérieur des parois. Au centre du cube se trouve un bloc semblable à un tabouret, il reprend les matières et les couleurs des tranches. C’est une œuvre qui au-delà de son apparente simplicité, joue habilement sur la transparence et l’opacité de ses matériaux, les différences de textures appellent à la vigilance des sens du visiteur qui fait face à ce monde désirable parce qu’ordonné, mais dans lequel il ne peut pénétrer.

La dernière salle propose cinq autres œuvres. La première en arrivant, Instant Gratification, est une grande coulure d’aluminium qui nous rappelle le collège où l’on tentait d’apprendre le maniement des fers à souder. En vis-à-vis, une grande feuille bleue froissée toute simple Froissé. Au milieu, deux œuvres utilisent le charbon, l’une faite de pommes de bois calciné, trace des lignes horizontales au mur, l’autre est une éponge imprégnée de la poussière noire du charbon.

Le sous-sol de la galerie, avec son plafond voûté et bas, donne aux deux ultimes pièces proposées au public l’air d’être placées dans un mausolée. À plat, une photo d’un crash de voiture emprunte la disposition d’une pierre tombale. Alors que dans la seconde alcôve scintille un cylindre d’argile recouvert de dorure et dont l’artiste a arraché une poignée pour la poser sur le dessus, À l’arrachée. Il aurait pu tout aussi bien morde dedans.