Le photographe fait un retour retentissant sur la scène parisienne, en grands formats et avec des images en marge des sujets internationaux sur lesquels avait déjà travaillé le photographe. Il faut donc se pencher sur les cartels et ne pas s’attendre d’être renversé par les photos. Il faut les regarder.

Camp texaco, Port-au-Prince oublie presque d’être touchante tant la composition mêlant rose pâle, bleu et gris est élégante. Dans cette photographie, des tentes sont dressées autour de piquets qui s’élèvent péniblement vers un ciel nuageux. Autour, chacun vaque à ses occupations dans un calme qui rompt le fracas que l’on s’imagine instantanément en lisant le titre. Seul le fil rouge, qui marque verticalement la jonction des deux tirages qui forment la photo, nous rappelle à la réalité.

A worker outside the korengal outpost, afganistan est un peu du même ordre, les collines à perte de vue nous poussent à la rêverie alors qu’un homme accroupi, un couteau à la main, regarde perplexe le plat de pommes de terre qu’il s’apprête à éplucher. Là aussi l’image est troublante de douceur alors que le sujet est brûlant.

Man sleeping, Dubaï est plus complexe, tout d’abord parce que le personnage allongé au premier plan repose sur des traces de camion. Avec elles, ils forment un réseau de lignes qui s’entrecroisent et laissent supposer une intense activité industrielle qui s’accorde mal au repos de celui qui dort. L’image repose sur cet équilibre précaire entre les pylônes électriques et la lenteur du sommeil de l’homme au sol.

Tout au fond de la galerie se dresse Patio civil, cementerio san rafael, malaga. L’effet est saisissant. La mise en scène toute simple de ce cliché fait fortement impression sur le visiteur qui pénètre dans ce dernier espace, clos et clair où l’on a mis des squelettes. Le parallèle entre l’art et la religion a beau être une marotte éculée on se croirait ici dans une chapelle. Face à nous, la blancheur des os dessine des silhouettes sur le sol creusé d’une fosse. Alors que quelques pas en arrière, nous contemplons cette image, à demi incrédule.

Au-delà des images il y a aussi le parcours du photographe, la difficulté pour lui de choisir, l’écart qui s’agrandi entre lui et le photojournalisme. Mais toutes ces questions ne sont qu’exégèses et les photographies s’en passent sans problème.