Pour accéder à la salle, dite d’actualité, du Louvre il faut marcher longtemps. Et même en prenant des raccourcis on finit inévitablement par avoir le sentiment d’avoir atterri dans un entonnoir tant les espaces sont exigus au regard de ceux qui les précèdent. C’est dans cette petite pièce qui possède une balustrade, par laquelle on accède par un petit escalier donnant aux curieux un air d’orateur, que cette exposition nous est proposée.

Les œuvres présentées sont peu nombreuses, pourtant le voyage vaut le coup. Autant pour l’exposition elle-même que la bizarrerie propre à cet endroit. La scénographie est toute de noir, la pénombre habituelle du lieu semble donc parfaitement de mise, tout est mis en place pour solliciter le vagabondage d’esprit des visiteurs. Mais on peut tout de même regretter que la présentation n’ai pas été plus serrée, tant qu’à être à l’étroit, autant se sentir en compagnie.

La question abordée est celle de la représentation des fantômes entre le XVe et le début du XXe siècle. On découvre sans grande surprise que les spectres et autres revenants ont toujours eu leur place dans la peinture et le dessin. Nombreux sont les artistes qui s’y sont essayés. On découvre ainsi un fusain de Gauguin, Figure de spectre portant la main droite à son front, madame mort, où la mort se tenant la tête semble être en prise avec les maux qu’elle apporte généralement aux autres.

De manière plus prévisible on retrouve dans cette exposition l’imagerie du Moyen Âge et sa cohorte de morts, de squelettes, et autres danses macabres. Hans Baldung le chevalier, la jeune fille et la mort présente un exemple typique de ces d’allégories. L’intérêt de cette petite peinture tient beaucoup à ce qu’elle pourrait aussi bien nous être adressée. Le mélange jeunesse, pouvoir et mort forme, encore et toujours, un triangle des Bermudes saisissant. Plus conventionnellement, on croise les travaux de quelques grands romantiques dont évidemment : Hugo, Delacroix et Girodet.

Les photographes, qui ne sont pas en reste dans cette exposition, voient bien le profit que leur outil peut tirer du goût pour l’au-delà de ses contemporains. Nombreux sont ceux qui n’hésiteront pas en tirer avantage, nous léguant en sus quelques-uns des tout premiers photomontages. Les 6 pages d’un album de la photographe et truqueuse américaine Healy Agnes, font apparaître aux crédules, parents, amis et amants. Un peu à la manière dont les commissaires font régulièrement apparaître des expositions dans des ronds de fumée.