Le Louvre a offert à son invité la possibilité de former la galerie de son choix. Celle-ci sera donc de portraits, et de tous âges. Pas de découverte, mais une collection qui affiche d’emblée le plaisir de son auteur, que l’on s’imagine parcourir les galeries de peinture, un caddy devant lui. On voit bien que celui-ci ne s’est pas privé d’aimer l’exercice.

Le choix s’étend  de Nan Goldin à Courbet, en passant par Flandrin, Bacon, Rembrant et Bonnard. Ce rassemblement se paie même le luxe de ne pas s’éparpiller en répétant ses choix par la présence de plusieurs œuvres de certains artistes. Alors qu’en même temps, il donne parfois le sentiment que Patrice Chéreau n’a pas voulu choisir, voire même a choisi sous le coup d’une impulsion. Qu’importe, ce petit accrochage est avant tout l’occasion de se demander ce que l’on aurait fait soi-même. Il n’est pas à regarder comme peut l’être une exposition, mais plutôt comme un caprice.

C’est aussi l’opportunité de voir des œuvres hors de leur contexte, peu regardées ou descendues de cimaises trop hautes, tel le fabuleux Christ mort sur les genoux de la Vierge de Le Brun. Œuvre grave et tendue, provoquant un face à face triangulaire entre le bleu de la tunique de la Vierge, le vert du corps du Christ et la stupeur du spectateur.

Certes, on n’est pas obligé de goûter tous les choix de l’invité mais l’accrochage lui même est une réussite. Les associations serrées et jamais lassantes accusent un goût de collectionneur. À aucun moment on songe que l’invité a rempli des cases, ou tenté le diable par provocation. L’accrochage semble plutôt être le fruit d’accumulations et de manies comme il le serait chez un particulier. D’ailleurs la très importante représentation de Goldin est de cet ordre. Pas moins de sept photographies de l’artiste sont présentées. Celle-ci doit bien rigoler de se savoir au Louvre entre la salle François Boucher et la salle Largillière.