La Maison Rouge qui vient de s’associer avec quatre autres fondations européennes pour former FACE, présente un ensemble significatif d’œuvres issues de leurs collections respectives. Il s’agit de jeter les bases d’une collaboration à venir pour la promotion de l’art contemporain, la production d’œuvres, leur circulation et la publication de catalogues. L’exposition démarre sur Animal de Fichli & Weiss et Megas dakis, le portrait de Dakis Joannou par Roberto Cuoghi. Ce duo forme une amorce amusante et promet un peu d’autodérision. Du rire et de l’emphase par le rire.

Comme toujours à la Maison Rouge l’exposition est dense, il y a beaucoup à voir et chaque fondation se veut d’être avantageusement représentée. On trouve donc un éventail de pièces assez large. S’y croisent, des artistes confirmés tels que Mark Dion ou Micea Cantor, des très connus comme Martin Parr, Urs fischer Mackintosh staccato ou Paul Mc Carthy, duquel on commence à regretter que seuls ses Pig ne soient régulièrement montrés. Et puis, évidemment, du solide avec Nauman, et de l’hexagonal avec Virginie Barré et son Homme venu d’ailleurs.

On peut regretter le sentiment que donnent la plupart des œuvres d’être à deux doigts de l’Institution. On ne retrouve ici quasiment jamais le sentiment que ces travaux appartiennent à des collections privées. Les œuvres acquièrent dans cet accrochage une posture qui oscille entre le pointu, le secret des initiés, le placement sûr et le grand déballage de munitions. On s’y sent parfois mal à l’aise, pas dupe et pourtant saisi par la réclame.

Il se trouve pourtant des moments de tension, Das grosse wichsen de Gregor Schneider en procure un. Celui-ci est même doublé de frustration tant on voudrait pouvoir entendre la porte se fermer derrière soi. Mais l’on ne peut y pénétrer. De toute manière, cette œuvre ne comporte pas de porte. Il y a aussi les photographies d’Esko Mannikko, doublant toujours leurs étrangetés avec des cadres trop présents ou mal assortis.

Au sous-sol, dans une salle dont la thématique pourrait être « discrimination positive & associée », sont rassemblés les revendications éventées de Kara Walker et de David Hammons African american flag, les violons de Kentridge et de Lorna Simpson, et puis surtout de belles et grandes sucreries tel Fly With Me To Another World de Navin Rawanchaikul et les banderoles de Lara Schnitger. Dans la même salle cohabite aussi Drag, une œuvre de la rarissime Cady Noland mais, placée de sorte à fermer un coin de la pièce et entourée des pyramides de montages alentours, elle semble bien peu effective.

Et puis, dans le dernier espace, quelques gloires comme Cattelan, Koons ou Sherrie Levine sont regroupés autour d’une montagne de confettis noirs Terril de Stephane Thidet. À leurs côtés est accroché le pastiche de Moris Louis d’Aurel Schmidt So damn pure. Il est constitué de tout ce que l’artiste a pu trouver de liquides sales pour former les coulures caractéristiques de Louis, mais estimant certainement que ce n’était pas assez clair, il a pris ses crayons et a minutieusement dessiné des déchets afin que son propos n’échappe à personne.

On sort de l’exposition haletant d’avoir parcouru ces collections, mais en ayant malgré tout le sentiment de ne pas les avoir autant vues qu’on l’aurait souhaité.