L’exposition inaugurée à l’occasion du cinquième anniversaire du musée se penche sur la façon dont les artistes pensent et intègrent à leur travail les moments de célébration, les détournent, et en créent. S’il y a certainement eu une fête avec ce qu’il faut de banderoles, de canapés et de confettis pour célébrer cette date, les visiteurs ont eu le droit d’y réfléchir en compagnie des œuvres.

La plupart des travaux présentés ne sont pas tendres avec l’idée de festivité. Pierre Ardouvin n’hésite pas à nous rappeler dans Love me tender que la joie des parcs d’attractions n’est bien souvent que la somme de solitudes. Son auto tamponneuse, seule sur sa piste étriquée réduite à quelques mètres carrés, n’invite pas vraiment à la rigolade. Et même si Elmgreen & Dragset nous ouvrent la porte avec I’m on the guest list! il n’y a rien derrière pour nous attendre.

Il y a néanmoins des artistes pour apprécier le caractère jouissif des fêtes et de leurs éternels attributs. Ainsi Closky nous invite à un Feu d’artifice factice mais sans fin puisque numérique. Valérie Favre s’est, elle, créé un rituel annuel aux méthodes aléatoires mais répétitives. Une fois par an, elle peint une Balls and tunne, toujours avec la même ardeur. Ces grandes toiles abstraites très colorées n’ont pour intérêt que d’être peintes, à date fixe.

Walead Beshty pointe le mariage impossible entre la pureté des mediums chère à la modernité, et les contingences contemporaines relatives aux déplacements. Ce sont  des boîtes en verre, envoyées via fedex, et que l’on découvre à réception criblées des cassures et des d’impacts dus au transport.

Certains travaux font référence au temps qui passe, les célébrations en étant des marqueurs parfois inquiétants. Big crunch clock de Gianni Motti décompte le rebours avant l’explosion du soleil. Plus proche de nous, Everyday de Saadane Afif grossit au fil des jours de l’exposition en empilant, numéro après numéro, le quotidien le Parisien sur un socle. Ces deux sculptures étant à leur manière l’alfa et l’oméga, l’une prenant fin avec l’exposition, l’autre avec notre système solaire.

Les Photographies d’événements de Bruno Serralongue nous montrent, mais sans prendre part, des moments lourds de sens pour des files entières de croyants. Pourtant, au travers des cartels, elles ne sont que de simples attroupements. Parfois les fêtes ont quelque chose d’étranger, quelque chose auquel on ne prend pas part.

Tout au fond, gentiment rangé dans un coin, le char de parade d’Amy O’neill, monstre blanc, scintillant et parfaitement vain. La fête est finie, mais d’une manière ou une autre il reste toujours des vestiges de celle-ci. Ils sont la mémoire physique de la célébration qu’ils incarnaient, des déchets auxquels on aime s’attacher.