Giuseppe De Nittis : La modernité élégante , Petit Palais
Le Petit Palais à Paris se fait fort depuis deux saisons d’exhumer de sa mémoire des artistes un peu oubliés. L’exposition en cours participe à cet effort avec un artiste de seconde zone à la vie de salon bien remplie.
Giuseppe De Nittis est un artiste qui a eu toutes les mauvaises idées de son siècle en même temps que les bonnes. Il en ressort une modernité franchement fade et au teint jauni. Pourtant l’exposition nous avertit qu’il n’en a pas toujours été ainsi, et que cet Italien de Paris a fréquenté tout ce qu’il fallait de lumières pour avoir sa place parmi eux, fusse-t-elle au troisième rang. En atteste les portraits d’Edmond et de Jules De Goncourt, ainsi que les fréquentes citations de gloires de l’impressionnisme.
Dans la première partie se trouvent de nombreux travaux de plein air dont la qualité est inversement proportionnelle à leurs tailles. Entre autres, de belles études de nuages, de mer en tempête, du Vésuve, le tout accompagné un flot de paysages à deux doigts d’être réussi.
Puis viennent les succès et la vie moderne, nous dit-on. Ici, même les petits formats ne sont plus bons. Portraits de femmes par ci, pastels de femmes par là, que de mondaines et d’endimanchées aux regards fuyants. On ne trouve que très peu de visages, l’artiste pudique se refuse presque toujours au face à face. On croise aussi des kilomètres de boulevard, tous plus gris, roses et orange que nature. Seuls les chantiers ont quelque chose de solide, la cendre qui les recouvre ne semble pour une fois pas tellement usurpée.
Sur la fin, l’exposition présente de nombreux intérieurs. Dans ces derniers apparaît un sursaut de peinture. Le rendu des matières, lourd et franc dans certaines œuvres, telle Entre les paravents, arrive à surprendre. Mais ce n’est définitivement pas dans cette exposition que l’on fera une découverte.
Par ailleurs, l’accrochage des photos de Pierre et Alexandra Boulat, dans l’espace d’exposition permanent, est une pollution visuelle indigne. Ces photographies sont traitées comme des panneaux d’indication qui barrent la route et le regard des visiteurs. Ce qui est d’autant plus dommage que personne n’y prête attention avant d’être arrivé au sous-sol où elles bénéficient d’un véritable espace d’exposition.