Le titre de l’exposition proposée au Musée de la chasse à Paris fait clairement la distinction entre cabinet de curiosités et d’amateurs. On ne peut s’y tromper. Il n’a pas échappé aux conservateurs que les scénographies resserrées du premier été passées de mode après l’engouement dont elles avaient bénéficié il y a quelques années. L’accrochage est donc droit, clair, et parcimonieux. Mais sans cartel, nous sommes chez quelqu’un. En attestent les belles tapisseries vertes et rouges apposées aux murs des salons ainsi que les meubles disposés ici et là.

On trouve beaucoup de tableaux de Nicolas de Largillière, l’amusant portraitiste de la société aristocratique du XVIII°. C’est une bonne surprise, tellement il est rare de voir de réels ensembles de son travail. Ses portraits sont cocasses, parfois légers, et presque systématiquement couverts de fanfreluches et autres joyeuses soieries. On s’y vautrerait avec plaisir. Parmi eux, on découvre plusieurs natures mortes de l’artiste, de réelles curiosités tant elles semblent sages.

Dispersées dans les deux salons et la buanderie qui forment cette exposition, on croise pratiquement tout ce que la fin du XVII° et le XVIII° siècle français ont pu compter de peintres à la mode. François Desportes, évidement, Hyacinthe Rigaud, Nattier, Philippe de Champaigne et Pierre Mignard, pour ne donner que les plus éloquents. Se compose alors une petite société de princes, de gentilshommes, de comtesses, de branches cadettes et parfois même royales. On entend murmurer quelques secrets, des arrangements, des vies bien rangées et d’autres pleines de maîtresses ou de mignons. Il y a là toute la palette d’une cour aux mille et une marches et niveaux sociaux. Le parcours est bref, mais les dessins demandent de l’attention, et toute la rêverie qu’engendre la visite ne doit pas faire oublier la qualité de nombre d’œuvres ici présentées.

On peut néanmoins poursuivre le fil du goût de notre hôte dans le reste du musée où sont disposés plusieurs tableaux dont il a déclenché l’acquisition. Là se trouvent tout ce qu’il faut de fauteuils et de banquettes où l’on peut s’assoir et se laisser aller.