Le Louvre propose un grand tour dans la réappropriation de l’antiquité au XVIII°. Mais pratiquement tous les visuels présentant l’exposition sont tirés d’œuvres de Fusseli, comme pour appâter les visiteurs refroidis par l’image un peu lourde de ce siècle.

L’exposition commence sur une salle de sculpture, le marbre blanc donne le la, lignes pures, simples et clarté des moyens de production des œuvres. Le sculpteur Bouchardon y est mis en valeur, notamment au regard de son activité de relais du goût antique à une époque où celui-ci ne s’était pas encore imposé. Bien que son Amour se taillant un arc soit toujours un peu mièvre, on voit les prémices du retournement à venir.

Sont développés dans les espaces suivants, tant le goût pour l’antique que son pendant antiquisant. Il y a les amoureux de l’antique, ses usagers, les tribuns et ses orthodoxes. Se croisent alors, Panini, Huber Robert, Joseph-Mari Vien et Greuze. Parmi eux, se dresse Poussin autour duquel et de son tableau le Testament d’Eudamidas, se regroupent de nombreux artistes enthousiastes.

À mi-chemin, après un aperçu néobaroque et son immense et hasardeuse peinture de Fragonard,  ainsi que quelques œuvres néo-maniéristes, une salle intitulée le sublime regroupe des artistes du nord de l’Europe autour de Fussli. On y voit en particulier son tableau le Cauchemar, où une tête de cheval aveugle et hilare trouble le sommeil d’une jeune femme. À ce point, l’exposition se fait fort de souligner que le retour à l’antique, quel qu’en soient les biais, est avant tout un chantier international.

Dans la dernière ligne droite, on trouve de nombreuses planches de projets architecturaux. Et tout spécialement ceux d’Etienne-Louis Boullée, impressionnants monolithes de pierre que l’exposition fait voisiner avec des bustes et un mobilier à l’antique. Puis dans le dernier tiers, le Serment des Horaces de David avec ses corps et sa vertu magnifiée. Difficile de ne pas conclure que toute l’exposition est construite pour y aboutir. Avec David, le grand style peut naitre, croit-on lire. D’autant que l’influence de Poussin est reléguée bien en amont et que ce chef d’œuvre est entouré d’œuvres lui ouvrant la voie.

On remarquera par ailleurs, que pour cette exposition les scénographes ont eu à cœur de faire un accrochage ordonné et pondéré, clair et lumineux. En l’occurrence, ce n’est pas rien.