La galerie Nathalie Obadia propose dans ses deux espaces les travaux récents de l’artiste portugaise qui s’y développent pour créer une forêt de tissus et de murs.

Les œuvres procèdent toutes d’une même méthode. Un amas de fils et pièces textiles, cousues entre elles, sort d’un bloc ou d’un objet souvent de grandes dimension, s’en extirpe et achève sa croissance en reposant mollement. La galerie semble ainsi remplie de proies diverses, agencées les unes par rapport aux autres et formant de petits couloirs fleuris. On pense alors à ces faibles végétaux qui prennent racines dans les fissures goudronnées du sol.

Dans le cas de Loft, la grande installation centrale qui occupe la majeure partie de l’espace, il est presque impossible de donner le devant de l’arrière de l’œuvre. Bien que l’on sente que ces formes envahissantes aient dû s’immiscer et creuser un passage dans le ventre de ces palissades, il est assez mal aisé d’affirmer de quels côtés elles sont passées. L’ensemble forme un réseau de conduits et de racines qui vont des uns aux autres, parfois leur expansion s’arrête et forme une boursouflure en pendouillant le long d’un bloc. Si l’on renverse le regard, faisant quelques pas en arrière, ces murs troués semblent alors être comme des perles par lesquelles passe un fil. Ensemble ils forment un collier monstrueux qui ne tient que du fait qu’il soit posé à terre.

Aux murs, d’autres œuvres. Là aussi d’étranges suspensions débordantes se sont frayé un chemin à travers divers matériaux, mais dans ce cas elles apparaissent comme figées. Une fois sortie d’une plaque de marbre, d’une boîte ou d’un évier en inox, les fibres reposent inertes. Dans ces cas elles ressemblent à des fleurs cueillies et mises aux murs. Ce sont des éléments décoratifs qui tirent principalement leurs sens de la grande installation dont elles pourraient être issues.

En somme l’exposition de l’artiste pourrait ressembler à une serre dans laquelle elle ferait des boutures à partir d’une même œuvre. Ce qui est bien souvent le cas dans la production artistique, mais qui saute aux yeux tant la métaphore végétale est ici vivante.