L’œuvre de Didier Marcel se présente comme une réflexion sur la nature et de la main de l’homme sur elle. Il est question de campagnes agricoles, d’environnement périurbain et d’urbanisme laborieux.

Les matériaux sont ceux que l’on voit quand on traverse la France par l’autoroute, barres en acier, résines, bois, bétons et ciment. L’usage qu’en fait l’artiste donne l’impression qu’il les a sortis de leurs contextes pour les y replonger de travers. Une œuvre comme Labour n’est plus un sol retourné et prêt à être ensemencé ; moulé en résine polyester, grasse et teinté dans la masse d’un rouge viscéral, l’œuvre est une autopsie de la terre. Celle-ci fait d’ailleurs référence à Malévich, autre iconophile du monde paysan.

Dans la grande salle allongée, trois lignes forment Traveling. La première, composée d’une vingtaine de stères de bois, pourrait avoir été acquise au détour d’un chemin forestier. La seconde est formée de rochers en papier mâché, en tous points semblable à ceux dont sont constituées les digues à l’entrée des ports. La troisième est une sérigraphie à même le mur, représentant un grillage caractéristique de ceux qui bordent les voix ferrées. Au sol : éparpillées des feuilles de papier froissé noir, un matériau agaçant que l’artiste persiste à vouloir incorporer dans ses œuvres. Même si l’on se serait certainement passé d’un nom aussi didactique pour cette installation, et que l’artiste aurait pu plus s’appuyer sur la forme pas tout à fait rectangulaire de l’espace, la traversée de celle-ci crée un paysage où s’entrechoquent immobilité, lenteur et grande vitesse.

Plus loin, Péristyle est une suite de quatre moulages de troncs d’arbres. Tous de la même hauteur mais pas tout à fait jusqu’au plafond, ils sont montés sur des roulettes de chaises de bureau ce qui fait contraster leur imposante stature avec l’évidente inconstance de leurs supports.

Dans une dernière salle, Clairière regroupe, dans une légère pénombre, un groupe de cerfs faits de tiges métalliques. Ils se rencontrent dans le cul-de-sac qui forme la fin de l’exposition, ultime présence animale acculée repoussant inlassablement les visiteurs qui n’ont d’autres choix que de rebrousser chemin.

L’exposition mêle ainsi le chaud et le froid dans un accrochage peu sec, où l’on aurait pu apprécier plus de compacité et de rythme. Mais c’est aussi peut-être de cela qu’est fait le paysage que nous dépeint l’artiste, du mélange d’ennui et d’intense pertinence que constitue parfois la campagne.