Il n’y a plus de doute, Martin Parr fait partie du cercle fermé des photographes que l’on peut donner en pâture sur la voie publique.

En l’occurrence, la municipalité de Rennes a choisi une quarantaine de ses photographies pour un affichage presque sauvage mais dont les modalités sont bien connues. Il s’agit d’agrandissements dans des formats quasi-publicitaires de clichés célèbres, placardés dans des panneaux tout à fait publicitaires, en centre ville. Dans ce cas précis les services culturels ont opté pour un agencement en accordéon barrant l’entrée de la mairie de vacanciers aux visages rougis, de femmes du monde et d’hommes en short aux poses hasardeuses. Tout un programme pour ceux qui viennent juste renouveler leurs cartes d’identité.

Une fois le désagrément du froid et de la pluie passé, rassuré que la laideur du dispositif ne nuise qu’à la qualité de l’exposition, il est alors possible de regarder les photographies en question. Elles ont toutes été choisies parmi les travaux les plus connus de l’artiste. Il y a là une grande majorité de clichés que l’on a pu voir ailleurs, seulement ici ils sont en très grands formats. Si parfois ces agrandissements donnent plus de clarté aux images, on constate tout de même que le côté voyeur bienveillant de ces photographies est plus sensible dans de plus petits formats. Se pencher est un mouvement peut-être plus à-propos que se reculer pour observer l’entre-jambe d’un joueur de cricket ou des bourrelets dans une robe de satin tachée.

Finalement le problème avec les expositions au grand air, quand clairement les œuvres n’ont pas été pensées in situ, c’est que les œuvres donnent un peu l’impression d’avoir été jetées à la rue quand on s’imagine qu’il était plutôt question de les y faire descendre. Leur présence n’est plus incongrue tant ce type de manifestation est désormais courant mais ont peut douter de la pertinence de ces affichages qui font surtout songer à ceux qui précédent les élections.