La galerie Nathalie Obadia expose jusqu’au 9 octobre l’un de ses artistes de référence, Martin Barré. Cette présentation est un peu particulière puisqu’elle rassemble dix tableaux que l’artiste avait réalisés pour la première Biennale de Lyon en 1991.

Accroché très haut dans les espaces de la galerie, l’ensemble appuie les accents monacaux dont sont pratiquement toujours sujettes les peintures de l’artiste. Et l’architecture de la galerie, avec ses arches, ses espaces hauts de plafond et son dessin pratiquement circulaire, sied très bien à cette atmosphère. Le cou légèrement basculé en arrière on parcourt les quelques salles de l’exposition comme pour un chemin de croix. Chaque tableau composé de couleurs claires et pastels mène au suivant, de format similaire et à la gamme chromatique identique, et semble constituer in fine une paradoxale ondulation entre sensualité et austérité.

Les successions de trapèzes rectangles, qui sont la base du vocabulaire formel de cette suite de peintures, forment une dialectique de pentes douces et de cassures abruptes qui sans prévenir l’observateur l’empoignent et le secouent. Ainsi, la richesse de ces œuvres, presque insoupçonnable a priori – tant les signes sont minces, est de ne rien énoncer et de surprendre par la vivacité de leurs impacts.

De plus, l’impeccable facture de cette série ôte tout penchant romantique à l’entreprise. Les châssis sont uniformes, les toiles bien tendues, la couche de peinture propre. Contrairement aux autres travaux de l’artiste qui souvent font contraster des moyens picturaux très sobres avec des matériaux fatigués, cette suite n’offre aucune aspérité de cette sorte. Il n’y a là que la peinture de l’artiste, son œuvre et la présence de celle-ci.