L’exposition du lauréat du prix Marcel Duchamp dans l’Espace 315 du Centre Pompidou est comme souvent chez l’artiste à comprendre sur plusieurs niveaux. L’artiste le dit dans la notice de l’exposition : il est un conceptuel bavard – voilà qui explique les tergiversations et la longue digression de l’œuvre qu’il présente.

Il y a tout d’abord cette reproduction miniature du bâtiment du Centre Pompidou dont on nous dit qu’elle est un cercueil. C’est évidemment un objet bien pratique pour qui veut soulever de multiples références. Pour ceux qui manquent d’idées quelques unes sont proposées dans le texte d’accompagnement, cela va de l’évocation des vanités aux cercueils ghanéens de l’exposition «Les Magiciens de la terre». Et pour ceux à qui ça ne suffirait pas encore, Saâdane Afif a demandé à plusieurs auteurs d’écrire un texte à partir du projet. Ces textes sont à lire sur les murs et prennent la forme d’exercices littéraires, souvent un peu fastidieux, pour une boîte en papier mâché. Et comme il y en a toujours qui ont du mal à comprendre, l’artiste a placé plusieurs moulages de bornes – celles que l’on peut voir tout autour du Centre Pompidou – accompagnés de projecteurs pour les mettre en lumière, et sur lesquels un acteur déclamait le jour du vernissage les textes pour les visiteurs un peu distraits qui n’avaient toujours pas compris le propos. Si ce bateleur en cage n’est pas proposé pour le reste de l’exposition, les bornes et les projecteurs, eux, restent en place, le commun des visiteurs étant suffisamment attentif à l’évocation des paillettes que provoque ce type de mise en scène.

L’exposition coordonne ainsi plusieurs entrées, l’artiste propose ici un exercice où il tente de déployer l’exposition en tant que matériaux de son œuvre et de multiplier les fils de divagations, tant pour les visiteurs que pour lui même. Le résultat est pourtant un peu lourd, tant les tendances au près à penser de certaines articulations du projet freinent le développement de celui-ci.