Il faut une certaine dose de curiosité pour entreprendre la visite de l’exposition qui s’est ouverte dans la galerie sud du Centre Pompidou. L’affiche joue d’ailleurs sur cette corde-là : le titre est mystérieux et, après renseignements, on apprend juste qu’il s’agit principalement d’artistes venus d’Europe de l’Est et d’Europe orientale travaillant autour de l’ancienne opposition Est/Ouest.

L’exposition se présente comme une grande malle à souvenirs que l’on aurait ouverte pour en aérer un peu le contenu. On s’attend donc inévitablement à y trouver des travaux à la substance politique éventée mais doucement nostalgique, des traces de performances en noir et blanc et de petits formats dont quelques films et vidéos, et puis surtout des photos, de villes forcément grises, d’actions féministes et revendicatrices, de foules égarées et de tous les espaces de liberté qu’offraient les gouvernements communistes d’alors aux artistes locaux.

Cependant, comme l’exposition est transgénérationnelle on peut aussi y voir des travaux plus récents, offrant un regard un peu plus ironique et léger, qui s’articulent avec leurs sujets dans un rapport moins frontal. Et puisque l’exposition est aussi transnationale, on peut y jouer au jeu du « Où est Cyprien ? », fameuse récréation que l’exposition a à cœur d’offrir aux visiteurs.

L’autre grande attraction de l’exposition est sa scénographie, pour laquelle on peut remercier Monika Sosnowska que l’on connaissait déjà pour ses grandes qualités d’artiste. En ayant laissé ouvert l’espace d’exposition elle permet d’en faire une visite agréable et bien moins étouffante que ce que celle-ci aurait pu être dans des conditions classiques. La galerie sud est occupée en diagonale par une grande structure aiguë dans laquelle s’inscrivent les œuvres, laissant de larges espaces de respirations au visiteur qui s’en trouve d’autant plus concentré sur les œuvres elles-mêmes.

Se dégage de la visite la satisfaction de ne pas être sorti totalement assommé d’une exposition d’archives.